C’est assez injuste.
Les astro-zombies mutants ne sont pas à l’origine de la Déclaration des Droits de l’Homme.
Les astro-zombies mutants n’ont pas contribué aux théories économiques qui ont permis un recul de la misère sans précédent dans l’histoire de l’humanité.
Le libéralisme oui.
La domination culturelle et médiatique de la gauche socialiste depuis les années soixante a en effet petit à petit institué des tabous politiques que l’on se doit de respecter dans beaucoup de milieux intelligents, humanistes et un chouia conformistes.
Le libéral français se contente alors en général d’un silence désabusé lorsque le néo-socialiste illustre sa supériorité morale par des propos sans concession contre la souffrance et le monde l’argent.
Puis il rêvasse poliment lorsque le conservateur lutte courageusement contre le politiquement correct à grand coup de poncifs d’avant guerre.
Ami socialiste, Ami conservateur, tu es peut être libéral sans le savoir.
Ce texte est fait pour toi. Il te permettra de mieux connaître cette famille de philosophie politique née au siècle des Lumières.
Ami socialiste, Ami conservateur, tu es peut être anti libéral pour de mauvaises raisons.
Ce texte est fait pour toi, il te permettra de t’opposer plus efficacement à cette hydre malfaisante qui conduit le monde à sa perte.
Le libéralisme c’est une philosophie politique née au siècle des lumières et affirmant la propriété de soi.
C’est-à-dire le droit à la vie et à la sûreté, le droit à la liberté, le droit à la propriété.
Droit à la vie et à la sécurité.
Vous êtes l’unique ‘propriétaire’ de votre vie.
Personne n’a le droit de vous tuer, même si vous êtes très pénible.
Personne ne peut vous interdire de vous tuer doucement (alcool, joint, charcuterie) ou rapidement (suicide, euthanasie, scooter) même si vous êtes très sympathique.
Le corollaire de ce droit pour un gentilhomme est le devoir de respecter la vie et la sécurité des autres personnes.
Le requin n’est pas un libéral convaincu.
Il ne reconnaît pas l’existence d’un droit à la vie et à la sécurité aux petits poissons.
Vous êtes l’unique ‘propriétaire’ de votre vie. Donc du temps que vous passez dans ce monde. Personne ne peut disposer de votre temps sans votre consentement, cela s’appelle de l’esclavage.
Personne ne peut limiter arbitrairement les usages potentiels que vous faites de ce temps, cela s’appelle la coercition.
Vous avez donc un droit à la liberté. Il ne s’agit pas de la liberté métaphysique (liberté par rapport à Dieu ou par rapport à la nature humaine), ni d’un droit d’être ou d’avoir ce que l’on rêve d’être ou d’avoir (liberté d’être célèbre lorsqu’on a envie d’être célèbre, liberté d’avoir des vacances à la plage au moment où on a envie de vacances à la plage etc…).
Il s’agit de la seule liberté qui puisse être garantie par une loi humaine sans nuire à la liberté des autres : la liberté d’agir ou de penser sans limites autres que la jouissance des même libertés par les autres personnes.
Le corollaire de ce droit pour un gentilhomme est le devoir de respecter la liberté des autres personnes.
« La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi. »
Article 4 de la déclaration des Droits de l’Homme de 1789
Vous êtes l’unique ‘propriétaire’ de votre vie. Dans ce monde matériel, l’usage libre de votre temps implique que vous puissiez échanger ou produire des biens matériels.
Si quelqu’un vous prend ces biens matériels sans votre consentement, cela signifie qu’il a disposé du temps que vous avez mis à les produire ou à les échanger. Et ça, c’est contraire à votre droit à la liberté.
Le droit à la propriété est donc une conséquence du droit à la liberté.
Le corollaire de ce droit pour un gentilhomme (ou une gentille femme) est le devoir de respecter la propriété des autres personnes.
Plutôt que la césure droite-gauche, on peut classer les philosophies politiques en trois grandes familles : Le socialisme (socialisme, communisme, sociale démocratie), le conservatisme (nationalisme, gaullisme, royalisme) et le libéralisme (classique, contemporain).Ces trois forces ne sont naturellement pas présentes, notamment en France à l’état ‘pur’, ni représentées par un seul parti politique, elles se retrouvent dans des proportions diverses dans chaque parti.
Chaque parti politique a une proportion plus ou moins grande de socialisme, conservatisme ou libéralisme dans son idéologie, dans son programme, dans ses postures.
La droite adhère parfois au libéralisme dans le domaine économique, tandis que la gauche adhère en général au libéralisme dans le domaine des mœurs.
Pour un libéral, il n’y a qu’un seul libéralisme, la liberté ne pouvant se saucissonner en bonnes ou en mauvaises libertés, au gré des préjugés ou de l’éthique du parti accédant au pouvoir.
Les socialistes, les conservateurs et les libéraux sont tous d’accord sur un point : ils ne veulent pas d’une société chaotique ou atomisée.
Ils considèrent tous qu’un ordre doit sous tendre la société, mais ils ne sont pas d’accord sur l’origine de cet ordre, ni donc sur la manière d’organiser le pouvoir politique pour qu’il favorise cet ordre.
Les conservateurs considèrent que l’ordre qui doit sous tenir la société est un ordre naturel.
Les socialistes croient en l’efficacité d’un ordre construit grâce à la raison. Les libéraux considèrent que l’ordre s’auto-organise pour peu que des droits et devoirs des personnes soient clairement définis.
Pour les socialistes, la société s’organise par la raison.
Le rôle de l’État (contrôlé démocratiquement ou par une minorité lucide pour la gauche révolutionnaire) est donc d’analyser scientifiquement la société et puis de la construire (en la détruisant préalablement pour la gauche révolutionnaire) afin de garantir une égalité de fait.
Les droits de la personne peuvent donc être limités par des objectifs définis par la raison ‘collective’.
Aujourd’hui naturellement, le recours à une révolution violente pour construire une société ‘parfaite’ n’est plus d’actualité. Par contre, construire par décrets et règlements une société idéale en s’appuyant sur un État qui commande et contrôle les actions de millions de citoyens infantilisés se lit en filigrane des programmes de plusieurs partis politiques.
Pour les libéraux, ces objectifs peuvent être louables, le moyen pour y parvenir (la force de l’État contre les droits de la personne) est immoral et inefficace voire nuisible compte tenu de la complexité de cette société.
Pour les conservateurs, la société s’organise en suivant un ordre naturel.
Cet ordre naturel est inégalitaire (les personnes sont inégales naturellement), corporatiste (la société est vue comme un organisme ou chaque individu a sa place et ne doit pas en bouger : une cellule de l’estomac n’a rien à faire dans le cerveau) et tribal (les personnes ont naturellement besoin de s’intégrer dans un groupe, une nation).
Le respect de cet ordre naturel (parfois même divin) est dans l’intérêt de tous y compris des plus faibles qui n’ont ainsi pas à se mesurer aux plus forts. Le rôle de l’État est donc de maintenir et de défendre cet ordre naturel. Les Droits de la personne peuvent donc être limités par ces objectifs ‘naturels’.
Pour les libéraux, imposer à une personne une place fixe au nom d’un ordre naturel est une violation des Droits de cette personne.
D’autre part, il parait surprenant qu’on ait besoin de la force de l’État pour faire respecter un ordre naturel. Si cet ordre naturel existe, il doit se mettre en place ‘naturellement’ sans avoir recours à la force de l’État. Si cet ordre n’existe pas, le recours à la violence de l’État pour maintenir cet ordre n’est qu’une manière pour certaines classes de vivre aux dépends des autres.
Pour les libéraux la société s’organise spontanément à condition que les droits naturels de chaque personne (sûreté, liberté, propriété) soient garantis par un Etat impartial, ayant l’exclusivité de la violence.
Les libéraux partent donc des Droits de la personne pour constater l’ordre qui se forme, s’adapte, se transforme sous l’action combinée de millions d’individus réagissant sans concertation à leur environnement et poursuivant des buts qui leur sont propres.
Les libéraux considèrent que les interactions de personnes libres respectant les droits des autres personnes sont nécessaires et suffisantes pour obtenir une société harmonieuse, ou plus exactement dans le monde imparfait qui est le notre, la société la moins inharmonieuse possible.
Pour les libéraux, les Droits de la personne ne s’effacent jamais. Même devant des théories compliquées -conservatrices ou socialistes- qui regroupent artificiellement les personnes en petits tas selon des critères arbitraires (la classe sociale, la race, la religion), puis donnent des droits spécifiques à ces petits tas au détriment des Droits de la personne.
On trouve de nombreux exemples d’ordre auto organisé dans la nature.
Par exemple, lorsqu’un banc de sardines s’éparpille à l’approche d’un danger, vu de l’extérieur, on observe des motifs presque géométriques.
En quelques secondes chaque sardine s’éloigne le plus possible des sardines nageant à proximité d’elle pour se regrouper ensuite. A quelques mètres de distance, cela donne un motif organisé et changeant à grande vitesse.
Il s’agit d’un ordre spontané parce qu’aucune sardine n’a conscience ni n’agit avec pour objectif de former ce motif organisé.
Il s’agit d’un ordre spontané parce qu’aucune commission du plan Sardine, ni aucun dictateur Sardine Maximo n’a pensé ce motif vu de haut et l’a imposé.
Si la commission du plan Sardine avait du dicter en temps réel, à chaque milliseconde, la direction de chaque sardine du banc, cela aurait demandé un travail et une collection d’informations considérable pour obtenir un motif moins adapté et surtout plus lent. Et davantage de sardines y auraient laissé leur vie.
Dans cette situation en tout cas, en laissant à chaque sardine des ‘droits’ égaux pour toutes (droit de nager à la vitesse qu’elles souhaitent, droit de s’éloigner ou de se rapprocher des autres sardines etc..) et en laissant faire chaque sardine en fonction de son environnement, on n’a pas obtenu le chaos (comme dans une bonne poelé de sardines fries avec un peu d’ail et une noisette de beurre) ou une société atomisée (des sardines nageant seules et isolées dans l’océan), mais un banc de sardine auto-organisé.
La nature humaine est un peu plus complexe que la nature sardinesque, et la société humaine un milieu assez différent de l’eau de mer, mais l’analogie permet de comprendre le concept de base qui sous tend l’ordre libéral :
Un ordre spontané, c’est-à-dire ni voulu par une autorité supérieure, ni pensé par les acteurs eux-mêmes, peut se créer et présente de nombreux avantages par rapport à un ordre organisé.
Pour les libéraux, une société est plus harmonieuse et plus prospère si, chaque fois que cela est possible, les personnes sont libres d’agir comme elles l’entendent dans la mesure où elles respectent les droits des autres personnes.
Le respect des droits des autres personnes passe par des lois claires et lisibles qui permettent à chacun de savoir ce qu’il peut faire ou ne pas faire, et par une justice efficace et incorruptible pour appliquer ces lois.
Cela n’exclut nullement que des personnes puissent s’associer pour un projet culturel, économique ou humanitaire ou pour mutualiser les risques. Cela signifie simplement qu’il n’y a pas de pouvoir central chargé de planifier puis d’imposer un ordre collectif.
Une société auto organisée présente plusieurs avantages par rapport à une société planifiée :
En matière intellectuelle, culturelle, ou scientifique, aucun individu -ou petit groupe d’individus- ne peut posséder, ni analyser les connaissances cumulées par des centaines de millions de personnes.
D’abord parce que ces connaissances sont trop nombreuses, ensuite parce qu’une partie de ces connaissances ne sont ni formulées, ni formulables, elles sont portées par des centaines de millions de personnes qui agissent en s’appuyant sur leurs expériences mais sans forcement être capable de les expliquer.
Laisser faire les personnes selon l’analyse qu’elles ont de leur environnement avec leurs grilles de lecture, tout en leur garantissant un environnement juridique lisible, c’est s’appuyer sur les connaissances de millions de personnes en lieu et place des connaissances parcellaires de constructivistes chargés de planifier l’ordre de la société.
Les réussites de la physique ont inspiré des utopistes socialistes voulant obtenir pour la société ce que la physique avait obtenu pour les machines : un contrôle parfait. Les premiers socialistes en France de Saint Simon à Auguste Comte sont d’abord des positivistes. C’est-à-dire des ingénieurs ayant une foi inébranlable dans la science et souhaitant appliquer cette méthodologie à la société tout entière. Rien ne peut -ou ne doit- rester hors du contrôle de la raison.
Aujourd’hui encore, dans notre imaginaire, un ordre qui émerge sans avoir été planifié et exécuté suivant cette planification est forcement dysfonctionnel ou forcement perfectible grâce à une méthodologie constructiviste.
Cet ordre spontané est angoissant puisqu’il souligne les limites de notre connaissance ou de notre capacité d’agir sur notre environnement.
Le bon usage de la raison est justement de connaître et d’accepter les limites de la raison sur des phénomènes complexes.
D’autre part, l’ordre spontané est mal vu parce qu’il permet l’existence de comportements ou de créations qui sont manifestement des absurdités voire même du mauvais goût.
En laissant les personnes agir, on multiplie le nombre d’essais possibles. Beaucoup d’essais conduiront à des erreurs mais lorsque l’essai mené par une personne débouche sur une expérience positive/ mode de vie plus agréable/ mode de production plus efficace/vision du monde différente, il sera probablement imité par beaucoup d’autres personnes.
Les systèmes de valeurs plus cohérents ou plus humains, les modes de vie plus agréables, les modes de production plus efficaces, les créations intellectuelles, scientifiques, artistiques, technologiques ou culturelles plus sophistiquées finissent donc probablement par émerger spontanément et deviennent éventuellement des nouvelles normes ou en tous cas des nouveaux choix potentiels.
A contrario, dans une société constructiviste socialiste, des groupes d’experts sont mandatés pour organiser la société.
Les nouveaux modes de vie/modes de production/visions du monde sont limités par les connaissances, l’imagination, les capacités d’analyse restreintes du groupe d’experts chargé de construire cet ordre.
De plus, si par miracle, le groupe d’experts trouvait une solution supérieure à celles qui pourraient émerger spontanément, il sera peut être influencé ou contraint par des groupes de pression conservateurs, voire par ses propres intérêts, à ne pas la mettre en œuvre.