Valeur subjective ou pas, il n’en demeure pas moins que le diamant vaut très cher alors qu’il ne sert pas à grand-chose tandis que l’eau ne coûte pratiquement rien alors que cela permet aux acheteurs et aux vendeurs de diamants de rester en vie.
Les prix du marché libres sont peut être justes mais ils sont surtout absurdes.
Cette absurdité apparente a beaucoup compliqué la vie des économistes du XIX eme siècle jusqu’à ce que trois d’entre eux (Menger, Jevons, Walras) fassent séparément la même découverte.
Une découverte révolutionnaire et qui pourtant parait évidente : Personne, dans la vie réelle, n’a le choix entre entre les diamants en général et l’eau en général.
Les choix s’effectuent entre des unités de diamants (des carats) ou des unités d’eau (des litres) prises une à une.
Le calcul à la marge est donc la méthode que nous utilisons assez intuitivement à l’échelle individuelle à chaque arbitrage impliquant des biens ou des services segmentables en sous unités..
Ainsi au lieu de comparer la totalité des gains avec la totalité des dépenses, nous évaluons l’unité supplémentaire de gains générée par rapport une unité supplémentaire de dépense. (Le profit marginal donc)
Ce profit « marginal » est important à évaluer parce que même si le profit total augmente, le profit marginal de la dernière unité peut être très faible, voir négatif.
Par exemple, un loueur de parasol hésite à rester ouvert en septembre. Il a raison : ses dépenses sont fixes que l’on soit en juillet ou en septembre : le salaire de son employé.
Par contre le gain des dernières unités de la saison (les semaines en septembre) va en diminuant nettement. Même si son gain marginal est positif (il loue encore quelques parasols) son profit marginal diminue jusqu’à devenir négatif.
Le profit total c’est important, mais les personnes, les entreprises ou l’État ont intérêt pour chaque décision d’évaluer aussi le profit marginal.
Les personnes libres ont tendance à échanger des idées, des sentiments ou des biens.
Pour les conservateurs comme pour les socialistes cette détestable habitude peut nuire considérablement à l’intérêt des personnes de la société, ou pire de leur pouvoir.
En matière d’idées ou de mœurs, ces grands protecteurs bienveillants sont plutôt démotivés, laissant les personnes sans défense libres d’aimer, de divorcer lorsqu’elles le veulent, libres de lire des livres politiques -même déplaisants pour la majorité idéologique- ou de feuilleter des BD de Manara (même plaisantes pour la majorité).
Ils concentrent désormais leurs forces sur l’abomination des abominations : l’échange libre de biens ou de services.
Pour justifier leur dirigisme, ils claironnent sur tous les tons une grosse bêtise :
GROSSE BÊTISE : « Dans un échange libre, les personnes (ou les pays) étant inégaux, il y a forcement un qui perd et un qui gagne. Il faut donc limiter ou interdire les échanges entre personnes inégales ou entre personnes vivant dans des pays inégaux. »
Et ces grands protecteurs bienveillants limitent notre liberté d’échanger dans notre intérêt (nous sommes tous faibles ou amis des faibles.)
Pour les libéraux, les prémisses de ces politiques sont fausses, le raisonnement est bancal, la méthode est liberticide, le résultat est appauvrissant pour tous, pour les faibles comme pour les autres.
Dans un échange libre, le faible comme le fort gagnent, à condition que les deux se consacrent à ce qu’ils savent faire le mieux.
Imaginons une île avec deux habitants : SuperFort et MiniFaible.
SuperFort supplante MiniFaible dans les deux domaines importants de la survie : la cueillette des baies et la pêche.
Pour vivre sur cette île, ils ont le choix entre deux solutions :
Soit la méthode alter-mondialiste, chacun pour soi, ils pêchent, cueillent et consomment chacun dans leur coin en ignorant l’autre.
Soit, le contraire du chacun pour soi, c’est-à-dire la coopération libre, le libéralisme, ils se spécialisent sur leur domaine et échangent :
Cette constatation, faite initalement par Ricardo en 1817, permet de tirer des conclusions ennuyeuses pour les mercantilistes d’hier et les altermondialistes d’aujourd’hui :
Même si le fort est plus productif dans tous les domaines, il aura intérêt à se spécialiser dans son point fort et à échanger avec le faible.
Même si le faible est moins productif dans tous les domaines, il aura intérêt à spécialiser dans son point fort et à échanger avec le fort.
Les deux gagnent dans l’échange. (même si l’un des deux peut gagner plus que l’autre.)
Un avocat a intérêt à payer une secrétaire pour taper son courrier, même s’il est meilleur que sa secrétaire pour utiliser le traitement de texte. Il a intérêt à se spécialiser dans ce qu’il sait le mieux faire pour l’échanger contre des travaux eux-mêmes exécutés par des gens faisant ce qu’ils savent le mieux faire.
Dans cette configuration, la production générale du tandem (avocat, secrétaire) est maximale. Cela vaut pour l’économie entière d’un pays.
Les impôts et taxes quelqu’ils soient peuvent dénaturer l’échange. Un certain nombre de tâches (bricolage) peuvent être exécutées par soi-même sans payer d’impôts ou par l’échange en payant un impôt (embaucher un artisan).
Un comptable qui avait intérêt à faire ce qu’il fait de mieux, compter, préfère travailler moins à la comptabilité pour bricoler lui-même sa plomberie. En effet en employant un plombier il devrait s’acquitter de taxes et impôts qui au final ramènent la productivité du plombier au niveau de celle du comptable.
Le plombier reste lui sans activité puisque le comptable ne l’a pas embauché.
Dans cette configuration, l’économie générale se dégrade puisque le plombier est inactif, et le comptable passe des heures de travail sur des tâches qui ne sont pas son point fort.
(Naturellement, si le comptable souhaite bricoler pour le plaisir, c’est son droit. Cet exemple ne vaut que pour les nombreux bricoleurs du Dimanche ‘forcés’ par souci d’économie.)
Les taxes et impôts sont naturellement indispensables pour faire fonctionner l’Etat, mais il ne faut jamais perdre de vue qu’ils distordent le coût de certaines activités au détriment d’autres, et réduisent la productivité générale du pays.
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Un échange libre peut avoir lieu sans aucune intervention de l’Etat entre deux gentilshommes qui se connaissent et se font confiance.
Malheureusement comme nous ne sommes pas tous des gentilshommes (et comme nous sommes trop nombreux pour nous connaître), la présence d’un arbitre pour garantir l’application des contrats et les droits de propriété est indispensable.
L’Etat, lorsqu’il n’est pas corrompu et lorsque sa justice dispose de moyens suffisants, remplit donc ce rôle d’arbitre.
Contrairement à ce que clament les ennemis de la liberté d’échanger des biens et des services, les plus pauvres ne souffrent pas des échanges libres, mais d’abord de leur absence ou de leur limitation.
Des bidonvilles du Brésil aux fermes du Zaïre, les plus pauvres souffrent d’une absence presque totale des droits de propriété et d’une justice garantissant leurs contrats et permettant les échanges.
Les plus pauvres n’ont souvent pas de titres de propriété clairs sur leur logement ou sur les champs qu’ils exploitent, et sont à la merci d’une expulsion brutale. Ils ne peuvent donc ni faire fructifier leur bien, ni investir en le gageant pour emprunter.
Ils ne disposent pas non plus des moyens de faire appel à la justice pour faire respecter des contrats (commerciaux ou salariaux), et sont même souvent à la merci de la corruption de la justice.
Les plus pauvres ne souffrent donc pas de l’échange libre, mais au contraire de son absence.
Ici ou sur d’autres continents, pour aider les pauvres, il ne faut pas s’attaquer aux échanges libres, mais au contraire lutter pour que tous les hommes puissent jouir du droit d’échanger librement.
C’est donc le fait que chaque personne se spécialise dans son point fort et échange librement le produit de son travail qui nous permet d’avoir du pain pour un prix dérisoire par rapport à nos revenus.
Le boulanger s’est spécialisé dans la fabrication du pain.
L’agriculteur dans la production de blé.
Le camionneur qui a apporté la farine dans la conduite et la navigation jusqu’à la boulangerie.
L’ingénieur dans la conception du camion.
L’agronome dans les nouveaux engrais et les méthodes de travail.
L’ingénieur dans la construction des instruments de l’agronome et le conducteur du train dans le transport de ce matériel.
etc..
Si le boulanger, l’agriculteur, le camionneur, l’agronome, l’ingénieur etc.. avaient chacun essayé de faire le travail de tous les autres pour produire du pain chacun dans leur coin, la baguette aurait été un produit de luxe, voire un produit inexistant.
La coopération, l’avantage comparatif et l’échange libre sont la source de notre prospérité.
La complexité des échanges pour produire une simple baguette est inimaginable, mais c’est cette complexité qui permet d’exploiter au mieux les avantages comparatifs des personnes (ou des régions) pour au final baisser le prix du pain.
Une complexité qui profite aux faibles, aux forts, à la société en général.
Une complexité ingérable par une planification centralisée socialiste. Trop d’informations à collecter, trop d’ordres à donner.
L’avantage comparatif est une règle universelle qui ne dépend ni de l’époque, ni du lieu.
Mr plomberie et Mr électricité ont intérêt à se spécialiser dans leur domaine d’excellence et à échanger. Ils se retrouveront tous les deux avec une meilleure plomberie et une meilleure électricité
La Beauce a intérêt à produire du blé et à l’échanger contre du vin de Bordeaux.
Elle se retrouvera avec davantage de blé et du meilleur vin.
L’Iran a intérêt d’échanger des tapis contre des montres suisses. Il se retrouvera au final avec davantage de tapis et davantage de montres (des suisses en plus, la classe.)
Tout en étant une incontestable source d’enrichissement pour l’Humanité, faibles comme forts, l’échange libre a plusieurs adversaires (et même pas des ennemis proclamés de l’Humanité !)
On trouve pèle mêle des producteurs indélicats, des conservateurs nationalistes, des alter-neomarxistes, des bien intentionnés manipulés et naturellement des politiques démaguos pour exploiter toutes ces voix.
Nous sommes tous à la fois producteur et consommateur.
En tant que consommateur, nous avons intérêt à pouvoir échanger librement avec le plus grand nombre de gens possible.
En tant que producteur, nous avons tous intérêt à ce que les autres n’aient pas le droit d’échanger sauf avec nous.
Pour résoudre ce dilemme, des producteurs indélicats ont trouvé une solution : profiter des échanges libres lorsqu’ils sont consommateurs mais les interdire aux autres via l’Etat lorsqu’il s’agit de leur production à eux.
Pourtant si tout le monde devenait producteur indélicat, c’est-à-dire si tout le monde interdisait les échanges à tout le monde, on reviendrait vite à la misère noire des siècles précédents.
En matière économique, les conservateurs sont souvent restés à l’âge du mercantilisme : accumuler le plus d’or aux dépends des vilains étrangers.
Et ils partagent avec leurs camarades néo marxistes un goût immodéré pour l’Etat.
Tout ça nous permet de régulièrement les voir revenir triomphants des grands colloques internationaux pour nous expliquer qu’ils viennent de protéger l’agriculture ou l’industrie nationale.
Certains naïfs pensent que ces SuperHéros nationalistes parlent de protéger les industries des méchants étrangers. En fait pas du tout. Il s’agit de les protéger de leurs propres concitoyens libres qui pourraient choisir des produits étrangers.
On voit donc régulièrement ce spectacle surréaliste, où des nationalistes conservateurs expliquent à leurs concitoyens qu’ils viennent de limiter leur liberté au profit de quelques producteurs indélicats et lobbyistes efficaces. Le tout avec un air de fermeté de dur à cuir et sous les applaudissements des néomarxistes.
Lorsqu’un dirigeant conservateur d’un pays A claironne qu’il s’est opposé à un dirigeant conservateur d’un pays B en défendant des droits de douane, c’est faux.
Au contraire, les deux dirigeants conservateurs sont tombés une nouvelle fois d’accord.
D’accord pour favoriser l’intérêt de leurs producteurs lobbyistes indélicats au détriment des honnêtes citoyens (que ces derniers soient pauvres ou riches).
Les conservateurs nationalistes, s’ils aimaient vraiment leurs pays, feraient mieux de prendre exemple sur la Hollande, Venise au XVème siècle plutôt que sur l’île de Pâques pour assurer la puissance de leur patrie.
Pour les neo-marxistes pur jus et autres altermondialistes jus approximatif, les objections contre les échanges libres tombent comme la neige en Sibérie ou les bananes au Venezuela.
D’abord par définition, quelque chose de libre, c’est quelque chose qui échappe à la construction par le haut des ingénieurs sociaux soumis à la délibération collective ou à des apparatchiks. Et ça c’est mal.
Ensuite, comme les biens ont une et une seule valeur objective magique (la valeur-travail) il y a forcement un perdant et un gagnant dans un échange. Comme ce sont les plus faibles qui perdent, pour protéger les plus faibles, il faut limiter les échanges libres.
Ces petites obsessions marxistes théoriques n’intéressent pas grand monde, alors les alters ont réchauffé une veille sauce permettant d’obtenir la même phobie anti-liberté d’échanger.
La concurrence entre producteurs est une mauvaise chose puisqu’elle dégrade les conditions de travail et la couverture sociale des employés, voire créée du chômage dans le pays ayant le plus haut niveau de vie. Donc il faut limiter les échanges, ou les taxer.
Pour les libéraux, l’angoisse sur ses conditions de travail et sur l’avenir de son emploi sont parfaitement légitimes, mais l’analyse altermondialiste est basée sur des concepts économiques inexacts et sur une analyse biaisée. Ses remèdes ne peuvent qu’aggraver les choses ou empêcher qu’elles s’embellissent davantage.