La concurrence

La concurrence libre


Lorsqu’elle s’exerce sur nous, la concurrence est rarement une source de bien-être, du moins sur le moment.

Dans le domaine économique, elle génère une angoisse sourde pour les producteurs (salariés, indépendants, entreprises, actionnaires, épargnants). Est-ce qu’ils ne risquent pas de perdre leur activité demain au profit d’un autre producteur ?

Et cette angoisse s’avère de temps en temps fondée. Avec les conséquences parfois dramatiques que cela implique pour le producteur malheureux.

Les libéraux étant des défenseurs inconditionnels du bien-être (le courage politique, c’est quelque chose tout de même), leur engagement en faveur de la concurrence dans le cadre de l’économie de marché peut sembler paradoxal au gentilhomme pas éclairé.

En premier lieu, pour les libéraux, la concurrence est une conséquence du droit à la liberté. En l’occurrence la liberté de choisir les biens ou les services que les autres peuvent ou non échanger avec nous, la liberté de produire et d’échanger sans demander l’autorisation de corporations, lobbies ou de l’Etat.

D’autre part c’est la concurrence qui a permis d’améliorer de manière spectaculaire notre niveau de vie depuis deux siècles et qui va continuer à le faire dans les siècles prochains.

En dernier lieu, la concurrence ne peut pas s’abolir, la condition humaine génère mécaniquement des compétitions, y compris dans les milieux qui prétendent y échapper. La concurrence libérale, en excluant la violence et en la fondant sur des contrats librement consentis, canalise cette compétition de telle sorte qu’elle bénéficie à tous, y compris aux perdants.

« Et après tout, qu’est-ce que la Concurrence ? Est-ce une chose existant et agissant par elle-même comme le choléra ? Non, Concurrence, ce n’est qu’absence d’oppression. En ce qui m’intéresse, je veux choisir pour moi-même et ne veux pas qu’un autre choisisse pour moi, malgré moi; voilà tout. Et si quelqu’un prétend substituer son jugement au mien dans les affaires qui me regardent, je demanderai de substituer le mien au sien dans les transactions qui le concernent. Où est la garantie que les choses en iront mieux ? Il est évident que la Concurrence, c’est la liberté. Détruire la liberté d’agir, c’est détruire la possibilité et par suite la faculté de choisir, de juger, de comparer; c’est tuer l’intelligence, c’est tuer la pensée, c’est tuer l’homme. De quelque côté qu’ils partent, voilà où aboutissent toujours les réformateurs modernes; pour améliorer la société, ils commencent par anéantir l’individu, sous prétexte que tous les maux en viennent, comme si tous les biens n’en venaient pas aussi.
../…
Et est-ce sérieusement qu’on nous propose de substituer à cette universelle vigilance des intéressés une autorité sociale (fût-ce celle du réformateur lui-même), chargée de décider sur tous les points du globe les délicates conditions de ces échanges innombrables ? Ne voit-on pas que ce serait créer le plus faillible, le plus universel, le plus immédiat, le plus inquisitorial, le plus insupportable, le plus actuel, le plus intime, et disons, fort heureusement, le plus impossible de tous les despotismes que jamais cervelle de pacha ou de mufti ait pu concevoir ? »
Frederic Bastiat – La concurrence

La concurrence a aussi mauvaise réputation à cause de son instrumentalisation par des conservateurs.


Le discours ‘La concurrence, c’est bon parce que ça fait mal, vilains Français qui n’aiment pas avoir mal’ permet souvent à des conservateurs de donner des leçons de morale collectives avec un air d’instituteur sévère.

Or si le credo ‘C’est bon parce que ça fait mal’ peut intéresser les adeptes de certains clubs spécialisés, ce n’est ni l’origine ni l’objectif de la concurrence économique.

C’est plus (modestement ?) une conséquence du droit à la liberté et l’un des moteurs de nos progrès matériels depuis des siècles.

C’est donc un moyen ou une conséquence, pas une fin en soi (même si cela peut bien sûr être une source de plaisir ou d’émulation pour certains).

Vouloir échapper à la concurrence n’est donc pas une déchéance morale. Tout dépend du moyen utilisé pour y échapper. En innovant ou en produisant à moindre coût, un producteur  tente de fait d’échapper à une concurrence frontale. C’est ainsi l’un des moteurs du progrès.

D’autre part, certains peuvent aussi choisir certaines activités moins exposées à la compétition parce que cette dernière n’est pas source d’émulation pour eux-mêmes mais plutôt de malaise paralysant.

Par contre, échapper à la concurrence en assassinant, en corrompant, en utilisant l’État pour interdire la présence d’autres producteurs (tout en s’accaparant les gains issus d’une concurrence que l’on refuse pour soi-même) est d’un parfait mauvais goût pour un libéral.

Les fruits de la concurrence à moyen terme, c’est donc davantage de bien-être. Ce ne sont certainement pas des plaisirs masochistes. Tant pis pour certains conservateurs qui ne pourront plus gronder collectivement la vilaine population ne partageant pas leurs déviances.

Le service public concurrentiel

La concurrence est un processus indispensable pour allouer les ressources (le travail ou les matières premières) le moins mal possible compte tenu des souhaits de chaque personne.

Un producteur obligatoire et unique (monopole d’État) n’est pas incité à innover, à améliorer ses méthodes de travail, à écouter les consommateurs puisque ces derniers ne peuvent pas aller voir ailleurs.

Et même s’il le voulait, un producteur centralisé et unique ne pourrait pas connaitre les besoins de chaque personne. Les préférences réelles de chaque personne ne peuvent pas être établies en fonction de ce qu’elles disent, mais en fonction de ce qu’elles font lorsqu’elles sont confrontées à un choix dont elles connaissent et supportent le cout personnellement..

Les producteurs obligatoires et uniques ont donc naturellement tendance à mal servir des besoins qu’ils connaissent mal.

Dans une économie socialiste pure, où tous les producteurs sont obligatoires et uniques, la pénurie et la médiocrité des produits est générale.

Dans une économie libérale au contraire, les producteurs dont les produits ou les services ne sont pas retenus doivent réorienter leur production ou leur méthode de production pour répondre à la demande des consommateurs.

Et c’est cette adaptation continuelle qui est la source de notre prospérité.

« La concurrence n’est absente que là où l’affectation des individus divers aux diverses tâches est effectuée par les seules décisions du dictateur, sans que les intéressés y contribuent en s’efforçant de lui présenter leurs vertus et capacités sous le jour le plus favorable. »
Ludwig Von Mises – Action Humaine

« Le libéralisme est  basé sur la conviction que pour que la concurrence puisse jouer un rôle bienfaisant, une armature juridique soigneusement conçue est nécessaire; il admet que les lois passées et présentes ont de graves défauts. Il ne nie pas non plus que partout  où il est impossible de rendre la concurrence efficace, il nous faut recourir à d’autres méthodes pour guider l’activité économique. Toutefois, le libéralisme économique est opposé au remplacement de la concurrence par des méthodes inférieures de coordination des efforts humains. »
F. Hayek – La route de la servitude.

« C’est la concurrence qui met un prix juste aux marchandises et qui établit les vrais rapports entre elles. « 
Montesquieu – De l’esprit des lois

La concurrence économique est victime d’un contresens à cause de sa proximité avec une compétition sportive ou un concours de beauté.

L’objet de ce dernier est de déterminer quelle Miss est la plus belle. Pour que la compétition des Miss soit juste, il faut égaliser les chances de départ (même taille de bikini, même temps de parole pour sortir des fadaises.)

L’objet de la concurrence économique est d’adapter la production aux choix des consommateurs. Il ne s’agit pas de déterminer qui est le plus beau producteur ou le plus méritant.

Les imprimeurs -même négligents- de Gutenberg ont mis sur la paille le plus méticuleux et le plus talentueux des moines copistes. L’objet de la concurrence économique n’est pas de récompenser le mérite, elle a simplement pour but de favoriser les producteurs capables de répondre à la demande.

Pour que la concurrence économique produise ses bienfaits, il est donc inutile, voire nocif d’égaliser les conditions entre producteurs. Les consommateurs profitent de la diffusion des livres, mêmes si les imprimeurs sans talent ont exploité une supériorité technique.

Cela n’empêche naturellement pas certains dirigistes étatistes, conservateurs ou socialistes, de vouloir périodiquement égaliser les conditions de la concurrence. (avantager certaines entreprises menacées par la concurrence, octroyer des subventions à certaines plutôt qu’à d’autres.)

Ils se heurtent à leur mur habituel : la complexité de la société. Il y a des millions de paramètres qui différencient les conditions de départ des entreprises. Même en se donnant beaucoup de mal, ils ne pourront en égaliser que quelques unes. En commettant au passage des injustices vis-à-vis des producteurs concernés par les millions d’autres paramètres et vis-à-vis de l’ensemble des consommateurs

Égaliser les conditions de la concurrence économique, c’est comme essayer d’aplanir l’océan avec une raquette de ping pong. En plus d’être un objectif complètement idiot, c’est très difficile à réussir même en se donnant beaucoup de mal.

La guerre économique

Malgré son efficacité pour évincer la misère, la concurrence économique est contestée sur deux plans, sur un plan moral/sentimental et sur un plan d’efficacité économique.

Sur le plan moral, la sentence des étatistes est sans appel : « La concurrence économique, c’est la guerre de tous contre tous ».
Or chacun sait que faire la guerre c’est pas bien, et que c’est le contraire de faire l’amour, qui est très bien. Cet argument de fond donne immédiatement aux humanistes et aux obsédés sexuels l’envie de lever l’étendard de l’antilibéralisme.

Qu’ils ne se laissent pas manipuler par les Étatistes dirigistes ! On peut très bien être humaniste, obsédé sexuel ET libéral.

D’abord, la concurrence économique dans un État de droit, c’est le contraire de la guerre. La concurrence économique, c’est aussi pacifiste que Bob Marley après le huitième joint. Jamais de coercition. -contrairement aux monopoles obligatoires d’État, où un homme en uniforme et armé vient vous voir si vous refusez de payer ou si vous essayez de produire mieux ou moins cher.- (enfin d’abord, un homme en uniforme et sans arme : le facteur avec une lettre recommandée..)

Certes, la concurrence n’abolit pas la bêtise ni la méchanceté. Mais il vaut mieux avoir à faire aux imbéciles dans un contexte concurrentiel que lorsque ces derniers sont les seuls points d’entrée d’un monopole obligatoire.

Ensuite, même si la concurrence est un processus important du marché, l’immense partie du temps de travail est consacré à la coopération. Coopération pour fabriquer des voitures, du pain, des vaccins ou des vols intercontinentaux.

Si un extraterrestre observait de son télescope les relations entre personnes vivant en économie de marché, il verrait une immense chaîne de coopération, partant d’un ouvrier allemand produisant une machine outil pour un artisan américain fabriquant des boussoles pour un marin russe transportant des chemises chinoises pour un fermier argentin élevant des vaches pour nourrir un ingénieur australien concevant des fibres optiques pour un prof d’université taiwanais écrivant des cours pour ….

Et si un alter mondialiste lui expliquait alors que cette chaîne immense de coopération, c’est la guerre de tous contre tous, l’extraterrestre se dirait sans doute, que décidément la logique de ces terriens à poils longs et pin’s rouges est assez déconcertante.

« Il y a deux types différents de coopération sociale : la coopération en vertu du contrat et de la coordination ; et la coopération en vertu du commandement et de la subordination, ou hégémonie.
Ce qui différencie le lien hégémonique du lien contractuel, c’est le champ dans lequel les choix des individus déterminent le cours des événements. Dès lors qu’un homme a décidé en faveur de sa soumission à un système hégémonique, il devient, dans le cadre des activités de ce système et pour le temps de sa sujétion, un pion des actions de celui qui dirige. A l’intérieur du corps social hégémonique, et dans la mesure où il dirige la conduite de ses sujets, seul le dirigeant agit. Les pupilles n’agissent qu’en choisissant leur subordination ; l’ayant choisie ils n’agissent plus pour eux-mêmes, on s’occupe d’eux.
Dans le cadre d’une société contractuelle, les individus membres échangent des quantités définies de biens et de services d’une qualité définie. Lorsqu’il choisit la sujétion dans un corps hégémonique, un homme ne fournit ni ne reçoit rien de défini. Il s’intègre dans un système où il lui faut rendre des services indéterminés, et il recevra ce que le dirigeant est disposé à lui assigner. Il est à la merci du dirigeant. Le dirigeant seul a la faculté de choisir. Peu importe en ce qui concerne la structure de l’ensemble du système, que le dirigeant soit un individu ou un groupe organisé d’individus, une collégialité ; ou que le dirigeant soit un tyran démentiellement égoïste, ou un bienveillant despote paternel. »
Ludwig Von Mises – Action Humaine
« Dans un pays où L’État est le seul employeur, toute opposition signifie mort par inanition. L’ancien principe : qui ne travaille pas, ne mange pas, est remplacé par un nouveau : qui n’obéit pas, ne mange pas. »
L. Trosky 1937

Ma tendre amie,  ma belle fiancée, ma chère Scarlett,

Déjà 5 heures que nous séparés par cette terrible guerre économique que rien ne semble pouvoir arrêter. Les Hommes sont-ils donc fous ?

Ils devraient coopérer librement, faire confiance aux initiatives des autres, et ils choisissent la servitude volontaire en soutenant des monopoles étatiques obligatoires.

La seule guerre économique qui existe, c’est celle que livrent les étatistes contre la concurrence économique.

Tu le sais ma douce, il n’y a que trois manières de faire en sorte que les personnes coopèrent en vue d’un objectif commun.

L’amour. Qui enflamme nos deux cœurs d’amants séparés, mais que l’on retrouve dans une moindre mesure au club des bénévoles de pétanque-Pastis ou à l’association des droits de l’Homme de Seine Saint Denis

Les contrats librement consentis. Qui permettent aux personnes libres, d’échanger, de bâtir sans que l’une n’impose ses vues à l’autre par la violence, et sans que l’une ne sacrifie son intérêt à l’autre.

La force. L’État en est le seul dépositaire légitime et ne devrait l’utiliser que pour garantir les droits fondamentaux à chaque personne.

Pour notre grand malheur, des étatistes, prétendant nous sauver de la liberté de choisir, abolissent la concurrence économique au profit de monopoles obligatoires.

Et des hommes en uniformes et armés viennent empêcher des personnes libres de produire moins cher ou mieux, ou de choisir moins cher ou mieux.

Ils remplacent la concurrence économique et la liberté pour tous de choisir, par une compétition sournoise et souterraine entre des lobbies pour mettre à leur service indirect ces hommes en uniforme et armés.

Tu vois ma chérie, je souffre le martyr loin de toi, séparé par plusieurs monopoles obligatoires en grève (la SNCF, la poste) dont le financement m’empêche de payer notre maison coloniale avec des belles colonnes près de Marne la vallée.

Mais je sais qu’un jour, oui un jour, la coopération libre reprendra ses lettres de noblesse dans notre beau pays. Et aussi qu’un jour, je t’épouserai.

Je t’aime.
Ton Clarkounet

La concurrence pure et parfaite


Sur le plan de l’efficacité, les critiques les plus vives de la concurrence s’appuient, paradoxalement, sur une école de pensée largement libérale : les néoclassiques.

Pour les néoclassiques, la concurrence économique est un bienfait (c’est vrai), il s’agit de déterminer les critères de son existence et de son bon fonctionnement (c’est ambitieux) en utilisant les mathématiques (c’est très mal barré).

ll y a 150 ans, l’école néoclassique a donc défini les critères permettant à la concurrence économique de fonctionner de manière optimale.

– En premier lieu, pour que la concurrence économique soit parfaite, il faut d’abord qu’elle existe, c’est-à-dire qu’il existe plusieurs producteurs offrant les mêmes produits.

– Et une fois qu’elle existe, il faut que l’information sur les produits et les biens échangés soit parfaite, sinon les échanges effectués ne sont pas satisfaisants.

– Et enfin, la concurrence économique ne peut être efficace, que si tous les coûts des produits sont intégrés dans la production des biens ou des services. Or certains coûts sont difficiles à mesurer et à intégrer : l’émission de CO2, la pollution d’une rivière etc.. Ces coûts cachés faussent là aussi l’échange.

Les étatistes dirigistes se sont engouffrés dans ces définitions pour clamer que la concurrence ne pouvait pas marcher puisqu’elle n’était pas parfaite.
Et de proposer leur solution miracle : un Etat Dieu, omniscient, omnipotent et parfait pour remplacer la concurrence.

Pour les libéraux de l’école autrichienne, la concurrence économique parfaite des néoclassiques est une chimère mathématique basée de surcroit sur une mauvaise compréhension des mécanismes de marché. Et l’Etat n’étant ni un Dieu, ni omniscient, ni omnipotent, les morceaux de sparadrap que les étatistes proposent de poser sur la concurrence économique réelle sont rarement nécessaires et souvent nocifs.

« Les avantages de la concurrence ne dépendent pas des conditions qui existeraient si elle était parfaite ».
Hayek – The Meaning of Competition

 

« En physiologie, en éthologie, en psychologie et dans les sciences sociales, les mathématiques n’apparaissent pratiquement pas si ce n’est sous la forme de recettes statistiques dont la légitimité propre semble douteuse; il n’y a qu’une exception : l’économie mathématique, avec le modèle des économies d’échange Walras-Pareto, qui arrive à poser de problèmes théoriques intéressants, mais dont l’applicabilité à l’économie réelle est plus que suspecte ».
René Thom – Mathématicien Français.

« Il n’existe rien qui se puisse appeler le bonheur parfait, des hommes parfaits, une béatitude éternelle. Tout essai pour dépeindre les conditions d’un pays de Cocagne, ou de la vie des Anges, aboutit à des paradoxes. Là où il y a des conditions, il y a des limitations et non la perfection ; il y a des efforts pour surmonter des obstacles, il y a frustration et insatisfaction.
Après que les philosophes eurent abandonné la quête de l’absolu, les utopistes la reprirent. Ils tissent des rêves à propos de l’État parfait. Ils ne s’avisent pas que l’État, appareil social de contrainte et de coercition, est une institution faite pour pallier l’imperfection humaine et que sa fonction essentielle est d’infliger des punitions à des minorités afin de protéger des majorités contre les conséquences dommageables de certaines actions. Vis-à-vis d’hommes « parfaits » il n’y aurait nul besoin de contrainte ni de répression. Mais les utopistes ne tiennent aucun compte de la nature humaine ni des inaltérables conditions de l’existence humaine. Godwin pensait que l’homme pourrait devenir immortel après l’abolition de la propriété privée. Charles Fourier divaguait à propos de l’océan contenant de la limonade au lieu d’eau salée. Le système économique de Marx ignorait sereinement le fait de la rareté des facteurs matériels de production. Trotski prophétisait que, dans le paradis prolétarien, « le type humain moyen se haussera au niveau d’un Aristote, d’un Goethe, ou d’un Marx. Et au-dessus de cette falaise, de nouveaux pics s’élèveront »
Ludwig Von Mises – Action Humaine

 

Sur le plan théorique, beaucoup d’adversaires du libéralisme partagent avec Don Quichotte le goût des batailles terribles gagnées contre des adversaires qui ne le sont pas.

En l’occurrence, au lieu de tenir compte des évolutions de la pensée économique libérale, notamment sous l’impulsion de l’école autrichienne, ces Donquichotte antilibéraux préfèrent combattre vaillamment l’école néoclassique du XIX eme siècle.

Or, l’école autrichienne ne se reconnait pas dans certains concepts et méthodes de l’école néoclassique.

Cette dernière n’est pas née au siècle du scientisme et du romantisme par hasard.
Inspirés par la thermodynamique, l’école néoclassique a en effet défini un fonctionnement optimal de l’économie de marché : un équilibre obtenu entre des belles courbes calculées à partir de belles équations.

En pleine période romantique, ces grands fous néoclassiques n’ont pas écrit de poésie sur un amour parfait, pur (et impossible), ce n’était pas leur domaine. Par contre, ils ont écrit de belles pages (en prose mathématique) sur la concurrence pure, parfaite (et impossible).

Pourtant les Donquichottes étatistes depuis plus de 150 ans continuent de charger ces deux moulins (l’équilibre et la concurrence parfaite) sans s’occuper le moins du monde des  nouvelles théories de l’école autrichienne, pourtant à l’origine du fameux ultralibéralisme qu’ils prétendent combattre en priorité.

Pour l’école autrichienne en effet, les mathématiques, utilisés abondamment par l’école néoclassique, sont largement inadaptées à la science économique. L’économie de marché ne tend pas vers un équilibre fictif et stationnaire, mais au contraire accompagne en permanence des déséquilibres dus aux évolutions technologiques ou des attentes des consommateurs.

Quant à la concurrence parfaite, les critères de l’école Néoclassique ne sont pas forcément pertinents, et lorsqu’ils le sont, l’Etat est souvent incapable de faire mieux.

Si  les antilibéraux pouvaient débloquer leur horloge interne de l’année de la mort de Karl Marx, ils pourraient s’attaquer aux théories économiques libérales actuelles (l’école autrichienne donc), et non à celles contemporaines de leur prophète (l’école néoclassique).

Les producteurs uniques

Pour les libéraux de l’école autrichienne, la concurrence existe dès lors que l’entrée sur le marché est libre.

L’existence de la concurrence n’est donc pas dépendante du nombre de producteurs sur un marché donné à un instant donné, mais de l’absence de coercition (qu’elle soit étatique ou criminelle) destinée à interdire l’accès de ce marché à de nouveaux producteurs.

La concurrence n’est pas donc une situation statique idéale, mais un processus continu.

Suivant cette définition, un producteur peut donc être unique sur un marché sans constituer pour autant un monopole.

De fait d’ailleurs, notre économie est constituée d’une myriade de producteurs uniques sur des niches, et ne s’en porte pas plus mal.

Votre boulanger au coin de la rue est le producteur unique de pain du coin de cette rue, votre chanteuse de variété préféré est le producteur unique de sa voix ou de son déhanché, ce qui lui permet d’ailleurs de vendre mieux ses disques qu’une autre chanteuse, une entreprise de produits électroniques développant un appareil ultracool pour écouter votre chanteur préféré, est le producteur unique du produit ultracool, une entreprise pharmaceutique qui développe un nouveau médicament, est le producteur unique de ce médicament.

Vous êtes à votre poste de travail, probablement un producteur unique, étant sans doute le seul à maîtriser les connaissances spécifiques à ce poste de travail dans cette entreprise à ce moment donné.

Les seuls vrais monopoles sont donc les producteurs étatiques uniques et obligatoires….

C’était d’ailleurs la définition originale des monopoles au XIX éme siècle avant qu’elle ne dérive sous l’influence des néoclassiques et des socialistes.

 » L’erreur traditionnelle consiste pourtant à avoir une vision statique de la concurrence alors que la concurrence ne peut se comprendre que comme un processus qui se déroule dans le temps, dans une situation d’incertitude et non pas d’information parfaite. Et lorsqu’il faut « inventer le futur », celui qui invente bien le futur en est récompensé par un profit. On peut dire de ce point de vue que tout le mérite de la concurrence conçue comme un processus d’incitation à l’innovation réside dans le fait qu’elle est un élément d’incitation pour les producteurs. Il s’agit de faire mieux que les autres c’est à dire, à un moment donné, d’être les premiers à proposer un produit, ou proposer un produit à un prix beaucoup plus bas. Et par hypothèse, l’innovateur, au début tout au moins, a 100% de part de marché. Tout le mérite de la concurrence est donc d’inciter à avoir des positions de « monopole » temporaires et menacées, dans la mesure où la concurrence existe et où d’autres producteurs peuvent essayer de devenir les meilleurs. »
Pascal Salin

1999 Une épopée judiciaire a lieu à Paris autour d’un problème philosophique crucial .
Est-ce que pour les petites filles, les poupées poupons sont remplaçables par des poupées mannequins ?

C’est important, parce que si une poupée mannequin  ne peut pas être remplacée par une poupée poupon, cela pourrait signifier que la poupée Barbie -en plus d’avoir une voiture dans un rose criard qui présage mal du goût des futures Françaises- constitue un quasi-monopole rendant illégal ses pratiques commerciales.  En s’appuyant sur du fromage, des experts et des concepts économiques approximatifs,  le conseil de la concurrence sauve les petites filles de l’horreur économique.

« la poupée Barbie, produit phare du groupe, est une poupée-mannequin de 29 centimètres de hauteur, représentation d’une femme adulte « caractérisée par une tête placée sur un cou très long, une abondante chevelure blond clair, des yeux bleus artificiellement agrandis qui lui donnent une expression particulière, des lèvres entrouvertes en un sourire mutin laissant apparaître la blancheur des dents. Son corps longiligne présente des jambes exagérément longues, une taille marquée, une poitrine développée, des mains aux doigts rapprochés
 ../… la Cour de cassation a précisé que « les critères de substitutialité d’un produit permettant de délimiter un marché économique de référence (…) s’apprécient différemment selon la nature et les modalités de commercialisation du produit en cause (…). La cour d’appel, qui a constaté que le goût des fromages de Cantal se distinguait “nettement de celui des autres fromages à pâte pressée non cuite”(…), a pu, sans avoir à rechercher si la baisse de consommation de ce produit s’expliquait par le report de la clientèle sur d’autres fromages à pâte pressée statuer ainsi qu’elle l’a fait 
   …/… Considérant que cette analyse, rapprochée du phénomène de la prise de conscience par l’enfant de son appartenance sexuelle, permet de dire que la poupée-poupon et la poupée-mannequin répondent à deux logiques de jeux différentes chez la petite fille ; qu’en effet, il apparaît qu’alors que le jeu à la poupée-poupon est avant tout « un jeu de rôle dans lequel l’enfant joue le rôle de la mère, ou de toutes autres personnes, qui s’occupe de l’enfant », le jeu avec la poupée-mannequin « est un jeu de manipulation où l’enfant se projette dans des personnages de taille réduite au milieu desquels il ne tient aucun rôle mais où il est au contraire le metteur en scène, le démiurge ../… « 
Décision no 99-D-45 du Conseil de la concurrence en date du 30 juin 1999

Le droit commercial et ses vaillants acteurs (juges, avocats, policiers) sont indispensables au bon fonctionnement de l’économie de marché. Mais faire respecter les contrats et protéger les droits de propriété, y compris ceux des plus faibles (petite entreprise, consommateur) dans les zones grises des multitudes de situations est déjà un travail considérable.

Inutile de charger en plus la justice de construire à coup de tronçonneuse et de concepts économiques obsolètes une structure de marché idéale. C’est un gâchis considérable de ressources et d’heures de travail, et ça n’améliore la situation ni des producteurs, ni des consommateurs.

Les monopoles naturels ?


Les monopoles sont, dit naturels, lorsque, en général, le coût d’entrée pour les nouveaux producteurs est tellement élevé que ces derniers renoncent avant d’avoir essayé. Les producteurs en place devenant de facto des producteurs uniques ‘durables’.
Par exemple, pour concurrencer une ligne de métro déjà établie, il faudrait creuser un tunnel parallèle au premier, pour un coût colossal (et une absurdité criante).

Pour les libéraux, le coût d’entrée est un phénomène utile dans le marché puisqu’il décourage les personnes d’investir trop lourdement dans des infrastructures déjà présentes. Ce coût d’entrée est présent dans toutes les activités, de manière moins visible qu’un tunnel creusé en double, mais il y joue le même rôle bénéfique.

Même dans cette situation pouvant être inconfortable pour le consommateur, l’intervention de l’Etat n’est pas forcement utile.

Les USA au XIX éme se sont bien couverts de voies ferrées privées, donc détenues par des producteurs uniques sur chaque tronçon, pour le plus grand bénéfice des consommateurs, la preuve : Blueberry, LuckyLucke, les bleus et John Wayne les utilisent souvent.

Ces voies ferrées sont de toute manière en concurrence avec la diligence, les bateaux et le cheval, la preuve : Blueberry et LuckyLucke, les bleus et John Wayne les utilisent souvent.

« L’idée d’une concurrence libre rendue obligatoire par la loi est une grotesque contradiction dans les termes. Elle signifie : forcer les gens à être libres à la pointe du fusil. Elle signifie : protéger la liberté des gens par la règle, arbitraire, d’édits bureaucratiques que l’on ne peut pas discuter… Il n’y a aucun moyen de réglementer la concurrence : il n’y a pas de normes par lesquelles on pourrait déterminer qui devrait concurrencer qui, combien de concurrents devraient exister dans un secteur donné, ce que devrait être leur force relative ou leurs parts de marché, quels prix ils devraient demander, quelles méthodes de concurrence sont correctes ou incorrectes. On ne peut répondre à aucune de ces questions, car ces questions sont précisément celles auxquelles seul le fonctionnement du marché peut apporter une réponse. »
Ayn Rand, Capitalism  –  The Unknow Ideal

« Aujourd’hui des gens affirment la même chose en ce qui concerne diverses branches de la grande entreprise : vous ne pouvez ébranler leur position, elles sont trop grandes et trop puissantes. Mais la concurrence ne signifie pas que n’importe qui puisse prospérer en copiant simplement ce que d’autres font. Cela signifie le droit reconnu à tous de servir les consommateurs d’une façon meilleure ou moins chère sans être entravé par des privilèges accordés à ceux dont les situations acquises seraient atteintes par l’innovation. Ce dont un nouveau venant a le plus besoin s’il veut porter un défi aux situations acquises des firmes établies de longue date, c’est surtout de la matière grise et des idées. Si son projet est apte à satisfaire les plus urgents d’entre les besoins non encore satisfaits des consommateurs, ou à y pourvoir à un moindre prix que les vieux fournisseurs, il réussira en dépit de tout ce qu’on répète abondamment sur la grandeur et le pouvoir de ces firmes. »
L. Mises – Action Humaine

 

Le sultan dans son harem a beaucoup de chance, mais sa situation de (re)-producteur unique sur un marché a peu de chances de se produire dans une économie libre.

Historiquement en effet, les producteurs uniques durables sont très souvent :
Soit des émanations directes de l’Etat, les monopoles étatiques obligatoires.
Soit les conséquences directes d’une réglementation inadaptée.
Soit des conséquences de clientélisme, de corruption ou de protectionnisme.

Sauf pour certains biens difficilement segmentables naturellement (les infrastructures routes, eau, fils électriques) l’Etat est donc souvent responsable de l’apparition des producteurs uniques durables. Avant de monter des usines à gaz anti-monopoles, il pourrait donc s’occuper très facilement de ceux qu’il a créé directement ou indirectement.

Pour les autres cas, l’intervention de l’Etat dans la lutte contre d’éventuels monopoles est souvent inutile et coûteuse. Les producteurs uniques privés dans une économie de marché libre, étant rares et instables. L’histoire économique regorgeant de producteurs uniques -réputés imprenables- s’effondrant comme un château de carte avec l’apparition de nouveaux entrepreneurs, de nouvelles technologies ou des changements d’habitudes des consommateurs.

Sur ce sujet (comme sur tellement d’autres), la meilleure (moins mauvaise) des solutions est de laisser choisir, de laisser faire les millions de personnes s’adaptant et inventant des nouvelles stratégies pour faire face à une situation donnée, limitée dans le temps.

La situation idyllique du sultan a donc peu de chance de se produire ‘spontanément’ sur le marché amoureux. Par contre, si l’Etat donnait un monopole obligatoire amoureux et sexuel à un idéaliste (moi par exemple) souhaitant une société de partage, un service public sentimental de qualité pourrait voir le jour, rempart efficace contre la marchandisation de l’amour et protégeant les femmes contre les inégalités sentimentales.

Enfin peut être..

Protéger le client roi

Les étatistes oscillent entre deux obsessions suivant le calendrier lunaire et la course des étoiles : structurer le marché pour aider les consommateurs contre les producteurs ou structurer le marché pour aider les producteurs contre les consommateurs.

Cette attitude s’apparentant de fait à creuser des trous pour mieux les reboucher après, elle permet surtout, de promesses électorales en accord secret, d’empiler des politiques contradictoires pour le plus grand bonheur des éditeurs de livres de droit.

Favoriser les consommateurs aux dépends des producteurs est d’abord une idée saugrenue (comme son contraire d’ailleurs), les deux étant souvent une seule et même personne. ‘Le consommateur est roi’ n’est ni juste moralement, ni exact en pratique.

Il y a beaucoup mieux: des personnes libres (parfois consommatrices parfois productrices), dont les droits fondamentaux et le respect des contrats signés sont garantis par l’Etat.

Avant de monter des usines à gaz afin de tenter de structurer le marché en faveur des consommateurs, l’Etat pourrait aider les personnes libres

– en améliorant la protection des droits de la propriété et du respect des contrats y compris pour les petits montants -que ces personnes soient seules ou s’associant en groupes de consommateurs. (Class Action)-.

– en ne favoriserant pas certaines personnes (agriculteurs, libraires, producteurs de vêtements, taxis, pompes funèbres..) au détriment d’autres personnes (les mangeurs, les lecteurs, les textiles, les petits voyageurs, les morts)

Son intervention est aussi possible (mais pas forcément indispensable) pour édicter des normes (sécurité/qualité/environnementale/bonnes pratiques de SAV etc..) permettant de consommer sans laboratoire d’analyse biologique et sans encyclopédie de droit dans son salon.

Ces objectifs sont certes moins ambitieux et moins liberticides que le défi constructiviste de structurer le marché, mais ils ont le mérite d’être efficaces et égalitaires. Oui on sait.. sacrifier les coups de mentons, le dirigisme et les petites magouilles entre lobbies pour des trucs efficaces et égalitaires, ces ultra-néo-libéraux n’ont vraiment aucune notion du bien public

« Plutôt que de « souveraineté du consommateur », il serait plus précis de dire que sur le marché libre il y a souveraineté de l’individu : l’individu est souverain sur sa propre personne, sur ses actions et sur sa propre propriété. On peut appeler cela l’auto-souveraineté de l’individu. Pour gagner de l’argent, le producteur individuel doit satisfaire la demande des consommateurs, mais l’importance qu’il accorde à la recherche d’argent et l’importance qu’il accorde à d’autres facteurs, non monétaires, sont affaire de son libre choix.

Le terme de « souveraineté du consommateur » est un exemple typique d’abus, en économie, d’un terme (« souveraineté ») approprié uniquement dans la sphère politique et est donc une illustration des dangers de l’emploi de métaphores tirées d’autres disciplines. « La souveraineté » est une qualité du pouvoir politique ultime ; c’est le pouvoir reposant sur l’utilisation de la violence. Dans une société parfaitement libre, chaque individu est souverain sur sa personne et sa propriété et c’est donc cette auto-souveraineté qu’il obtient sur le marché libre. Personne n’est « souverain » sur les actions ou les échanges de quelqu’un d’autre. Comme le consommateur n’a pas le pouvoir d’obliger les producteurs à travailler dans certains domaines, les premiers ne sont pas souverains sur les deuxièmes.

Hutt reconnaît implicitement cet état de fait, cependant, car il fait évoluer son argument et commence de manière inconsistante à regarder la « souveraineté du consommateur » comme un idéal éthique à l’aune duquel il convient de juger le marché libre. La souveraineté du consommateur devient un Dieu Absolu, et toute action des producteurs pour contrecarrer cet idéal est considérée comme rien moins qu’une trahison morale. »
M.N. Rothbard – Man, Economy, and State

 


Les communicants d’entreprise racontent (souvent) des bêtises pour vendre ou motiver les salariés. Ces bêtises n’auraient pas tellement de conséquences si elles n’étaient assimilées à tort au libéralisme.

‘Le client est roi’ fait partie des bêtises plutôt mignonnes pour motiver les troupes (parce  qu’il y a aussi des bêtises d’entreprises pas mignonnes du tout à faire rougir de honte un journaliste de la Pravda).. Une bêtise mignonne mais assez inexacte.

L’économie de marché n’est justement pas une société d’ancien régime.
Le client n’est pas plus un roi, que le producteur n’est son serf.

Bien sûr, un producteur dans un marché libre, s’il veut faire des profits, doit tenir compte en permanence des choix des consommateurs pour les fidéliser. Mais il a aussi parfaitement le droit de refuser d’échanger ou de n’échanger que sur le  périmètre qui lui convient.

Et dans tous les cas, contrairement justement à la société d’ancien régime -où des consommateurs à particule dominaient les manants producteurs de basse extraction – le fait d’être un producteur n’implique nullement une soumission ou un rapport hiérarchique avec un consommateur. Il s’agit de deux personnes libres qui échangent ce qu’elles veulent bien échanger.

Une pizzeria/producteur a donc parfaitement le droit de ne pas livrer au-delà d’une certaine distance, si elle juge que cet échange n’est pas intéressant pour elle. Elle ne devient pas corvéable à merci en étant producteur.

Un salarié/producteur a donc parfaitement le droit de ne pas vouloir travailler plus que ce qui est stipulé dans le contrat signé avec son employeur/consommateur. Il échange librement un certain nombre d’heures de travail contre un salaire. Il ne devient pas corvéable à merci en étant producteur.

Une multinationale peut parfaitement choisir de ne commercialiser que certains produits ou volume de produits, si elle juge que les autres échanges ne sont pas intéressants pour elle. Elle ne devient pas corvéable à merci en étant producteur.

Cette relation libre est encore incomprise par certains consommateurs-ancien régime qui, parce qu’ils deviennent consommateurs, s’imaginent aussi qu’ils deviennent des maîtres, alors qu’ils ne sont qu’une moitié d’un échange libre.